Une gueule de bois pas comme les autres…

J’ai beaucoup hésité à publier ce texte que j’avais écrit dans l’intimité pour extérioriser mes ressentis. Finalement, j’ai eu envie de vous partager mon témoignage parce que mettre des mots sur ces pensées obscures permet aussi d’avancer pour retrouver la lumière.

Au lendemain des attentats qui ont frappé la ville du romantisme et de la jeunesse, je suis sans voix. Dès que j’essaie d’exprimer quelque chose, d’exprimer ce que je ressens, j’ai le sentiment que ce qui sort de ma bouche n’a rien avoir avec ce qu’il y a dans mes tripes. J’aime être précise lorsque je m’exprime et comme je ne trouve pas ces mots exacts alors rien ne vient.
Je culpabiliserai presque de ne pas réussir à exprimer ces condoléances que je ressens si fortement en moi mais j’ai un tel conflit interne entre ma vision de la vie, de l’amour, des relations entre êtres humains et ce qu’il vient de se produire, que rien ne dépasse la barrière de mes lèvres.

Tout comme pour 9/11 ou encore Charlie Hebdo, l’empathie envers ces personnes qui se sont vues mourir me terrifie. Les imaginer se dire « Non pas moi », « ça y est, c’est la fin », « pas comme ça svp » ou au contraire les imaginer attendre un miracle qui n’arrive pas me glace le sang. Sans oublier, certains qui face à cette torture psychologique ont du lâcher prise et accepter que ce soit la fin en pensant très fort à toutes les personnes qu’ils allaient laisser dans le chagrin.
Et puis, il a la compassion et encore une fois cette empathie (parfois cruelle) envers ceux qui ont perdu un proche dans ce carnage. Ils devront non seulement vivre avec ce manque, cette injustice mais également avec toutes ces questions sans réponse concernant le dernier souffle des gens qu’ils aimaient tant.

Ce soir là, je n’ai perdu aucun proche ni même connaissance mais comment ne pas me mettre à la place de toutes ces victimes (collatérales)…

Ma meilleure amie vit à Paris et quand j’ai vu l’info, je l’ai appelé tout de suite et je fais partie de ceux et celles qui ont eu la chance d’entendre un « Tout va bien ne t’inquiète pas ». Quel soulagement !
Et si elle avait fait partie de ces âmes perdues… J’aurais alors été en mesure d’imaginer son calvaire : ce qu’elle s’est dit à chaque seconde, ce qu’elle a ressenti, sa peur, son angoisse, sa douleur.
Je me serai demandée :
– est ce qu’elle a souffert ? longtemps ?
– est ce qu’elle a croisé le regard inhumain de son assassin ?
– est ce que quelqu’un l’a protégé et lui a tenu la main quand son âme a quitté son corps ?
– est ce qu’elle s’est sentie abandonnée ou n’a-t-elle pas eu le temps de réaliser ?
– est ce qu’elle a eu peur ?
– à quoi a-t-elle pensé en dernier ?
Et puis…la question quelque peu narcissique : savait elle à quel point je l’aimais ?

Oui je souffre terriblement en pensant aux victimes et aux victimes collatérales qui ne s’attendaient pas à ne plus jamais pouvoir serrer dans leurs bras ces êtres chers.

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Je n’ai pas de solutions géopolitiques, politiques, économiques donc je n’exprimerai aucun avis sur ces sujets. Mais comme pour toutes les choses qui se passent dans ma vie, j’ai besoin de sens alors je vais essayer de mettre en évidence ce qu’un acte si cruel peut nous enseigner… L’idée n’est pas de relativiser cette catastrophe mais de diffuser un message positif pour continuer à avancer en souriant.

Beaucoup d’articles percutants et inspirants circulent sur internet et voici une phrase simple en apparence qui a pris un tout autre sens aujourd’hui :

« Appelez vos amis et dites je t’aime, appelez vos ennemis et pardonnez les. ».

Pour toutes ces personnes mortes gratuitement et qui ne peuvent ni entendre nos Je t’aime, ni entendre nos Pardons, faites ce pas. Faites le évidemment pour vous aussi mais comme ce sont 2 mots parfois difficiles à dire, profitez de cette prise de conscience que la vie est précieuse pour passer le cap.

On ne dit jamais assez autour de nous tout l’amour qui bouillonne : par pudeur, par peur du rejet, par peur que quelque chose ne change. Mais si quelque chose change, faites vous assez confiance pour savoir que vous saurait vous relever. Vous aurez en plus gagner la force qu’impulse l’authenticité des sentiments.

Pardonnez ceux que vous rendez responsables de votre état pour vous soulager d’un poids du passé et repartir vivre votre vie. Vous ressentirez peut-être un vide face à ce combat que vous n’avez plus à mener, mais vous aurez toute la place pour remplir votre vie de nouvelles relations tellement plus épanouissantes pour vous. Oui vous avez eu mal, oui vous avez ressenti de la tristesse, de la trahison, de l’humiliation, de l’injustice mais vous êtes encore debout avec toutes vos qualités et vos talents alors ne permettez pas qu’une situation passée vous pollue et vous empêche de vous sentir libre.

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Vous êtes vous demandé ce que vous vous seriez dit dans cette salle de concert ? Auriez vous pensé à toutes les belles choses qui composent votre vie ou à tout ceux que vous n’aimez pas ? Pour ma part, je n’aurais pensé qu’au bon, qu’à tout ceux (et ce) que je ne reverrai surement jamais. C’est pourquoi je décide de faire la même chose aujourd’hui puisque j’ai la chance de vivre et je vous conseille la même chose. Ne laissez pas de place à ce qui n’aurait aucune importance si vous deviez mourir demain ou à ce qui n’aurait pas de sens si vous vous projetiez dans 10 ans.

Et quel aurait été votre plus grand regret face à la mort ?
Quelqu’il soit, bonne nouvelle, vous êtes encore là et ce n’est pas trop tard pour changer les choses !
Dans un contexte dans lequel s’imaginer dans 10 ou 20 ans nous angoisse par tant d’incertitudes, il est peut-être temps de ne plus laisser la peur de se tromper, la peur d’échouer, la peur d’être rejeté, la peur de l’humiliation contrôler notre vie.
Nous avons tous eu peur de mourir vendredi soir parce que même si nous n’étions pas aux mauvais moments aux mauvais endroits, nous avons pris conscience que ça aurait pu être nous. Et la peur de mourir, n’est qu’autre que l’envie de vivre et quoi de mieux de que réaliser ses plus grandes aspirations pour se sentir vivant même si on essuie quelques échecs sur la route. N’écoutez plus votre ego qui vous ordonne la perfection. Préférez la vie avec ses rebondissements !!

Une citation (je ne retrouve plus la source) dit que nous banalisons le fait d’être en bonne santé jusqu’à ce que la maladie nous frappe.
Et bien aujourd’hui, je décide de ne pas banaliser le fait d’être vivante, de pouvoir danser, jouer, boire, faire l’amour, aimer, voyager, dessiner, regarder la télé, aller au cinéma, profiter des enfants des autres (en attendant de pouvoir bichonner les miens), pleurer, rigoler, écrire, dire aux personnes qui m’entourent que je les aime, avoir des projets et tant d’autres choses que je ne regardais même plus.
J’ai la chance d’être là, je vais donc honorer ce temps qui m’est donné pour réaliser mes rêves les plus fous !

Oui il est difficile de se sentir en sécurité et on ne sait plus d’où l’ennemi peut sortir mais puisque je ne peux pas savoir comment la mort viendra me chercher, je décide d’avoir le plein pouvoir sur la vie que je veux mener !
Vous me suivez ?

With love ++

Virginie

Une réflexion au sujet de « Une gueule de bois pas comme les autres… »

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